LES NAVIRES

Voici une présentation de quelques-uns des navires construits à Saint-Nazaire.

Le 23 avril 1864 était lancé le premier navire en acier à Saint-Nazaire : Impératrice Eugénie. Depuis cette date ce sont des centaines de bateaux, civils et militaires, qui sont sortis des différents chantiers nazairiens.

Retrouvez ICI la liste, non exhaustive, de ces navires…

Quelques navires… en quelques dates

1864 – Impératrice Eugénie: Il fut commandé sous le nom d’Atlantique ; troisième d’une série de huit paquebots à roues commandés, pour trois d’entre eux, en Écosse, et pour les cinq autres aux chantiers de Penhoët nouvellement créés.

Ce paquebot conserve encore les voiles mais il est doté d’une importante machine à vapeur qui lui permet d’actionner deux roues à aubes. Ce fut l’unique paquebot, avec France (ci-dessous), utilisant cette technique à être construit à Saint-Nazaire. Il effectue alors des traversées, sur la ligne du Mexique, en environ 20 jours.

Longueur: 108 m -Déplacement: 5600 t – 3000 cv – 200 passagers

1864 – France : paquebot de la Transat, premier du nom, construit au chantier John Scott of Penhoët et lancé le 1er octobre, cinq mois après Impératrice Eugénie. Il sera affecté à la ligne Saint-Nazaire / Veracruz jusqu’en 1872.

En 1874, dix ans après son lancement, il subissait des modifications importantes. Il était allongé de 12 mètres et ses roues à aubes lui étaient retirées. Des machines plus puissantes, avec hélices de propulsion, remplacèrent celles d’origine. On ajouta un troisième mât. France participa à l’expédition du Tonkin, entre deux voyages. Il sera vendu à la démolition en 1910.

Longueur: 108 m – Déplacement: 5400 t – Puissance: 2 800 cv – 190 passagers.

1886 – La Bretagne : paquebot à 4 mats, de la Cie Gle Transatlantique, propulsion voile et vapeur, Il est mis en service sur la ligne Le Havre—New York à raison d’un aller-retour par mois, la traversée prenant 8 jours. Lors de sa 3ème traversée en octobre 1886, il embarque la délégation française accompagnant Auguste Bartholdi pour l’inauguration de la Statue de la Liberté.

De 1898 à 1899 des essais de correspondance par pigeons voyageurs sont menés à bord. À la suite de ses expériences la compagnie mettra en place une poste en mer par pigeongramme.

Longueur: 150 m – Déplacement: 3 889 t – Puissance: 8 000 cv – 1 121 passagers

1886 – Le Tage : croiseur protégé de 1ère classe. Premier navire militaire construit par les Ateliers et Chantiers de la Loire. C’est, à l’origine, un trois-mâts barque de fabrication composite avec machines à vapeur doté de trois cheminées. Le grand mat a été retiré en 1900 (photo ci-contre). Sa coque à étrave à éperon est faite d’acier, et les ponts de teck sont doublés de même. Il possède un blindage de 50 mm à 89 mm.

Longueur: 119 m – Déplacement: 7469 t – Puissance: 9 800 cv – Equipage: 538 h.

1905 – La Provence: à sa mise en service, La Provence était le plus grand et le plus rapide paquebot français mais son tonnage était alors très inférieur aux grands paquebots transatlantiques des concurrents étrangers. Il fut également le premier paquebot de la Transat équipé de la télégraphie sans fil (TSF).

Sa propulsion est assurée par deux machines à vapeur classiques à triple expansion qui sont parmi les plus puissantes du monde.

Le 2 août 1914, il est réquisitionné et converti en croiseur auxiliaire. Le 26 février 1916, le navire est torpillé en Méditerranée, par un sous-marin allemand. Le navire sombre en 17 minutes, faisant officiellement 912 victimes.

Longueur: 190 m – Déplacement: 4 660 t – Puissance: 30 000 cv – 2 107 passagers

1909 – Diderot: cuirassé classe Danton, il est l’un des premiers grands cuirassés construit à Saint-Nazaire (après Ernest Renan en 1906) avec son sister-ship Condorcet. Il faisait partie d’un ambitieux programme d’armement naval qui ne fut jamais réalisé suite au déclenchement du conflit 14-18. Il ne seront finalement que 6 cuirassés à être construit au lieu des 38 prévus à l’horizon 1920.

Il participa activement au conflit et deviendra navire amiral en 1918. Il sera retiré du service en 1937.

Longueur: 146 m – Déplacement: 18 400 t – Puissance: 22 500 cv – Equipage: 921 h.

1910 – France : paquebot de la Transat, second du nom. Seul navire français à avoir arboré quatre cheminées, il ne sera pas le plus rapide sur l’Atlantique Nord mais sans doute le plus luxueux de son époque. La décoration et l’espace qu’il proposait le feront surnommer le « Versailles des mers ». Le navire présente aussi quelques innovations technologiques dont un ascenseur reliant les différents ponts (au nombre de 10), une première sur un paquebot français.

Il sera utilisé comme transport de troupes puis navire hôpital pendant la guerre et servira essentiellement en Méditerranée.

Longueur: 217 m – Déplacement: 24 700 t -Puissance: 45 000 cv – 2020 passagers.

1916 – Paris: un « cousin » du paquebot France de 1910. Fleuron de la Transat, sa carrière de 18 ans se fait cependant dans l’ombre de ce dernier et d’Ile-de-France qui sera mis en service en 1927. L’intérieur du paquebot était très luxueux et décoré dans le style Art nouveau. Ses installations diverses et luxueuses lui valent le surnom d’« aristocrate de l’Atlantique » auprès des riches Américains. Le navire est pourvu d’une salle de cinéma, d’un dancing, d’un café en plein air. Des téléphones équipent les cabines de première classe.

A cause du conflit il ne sera mis en service qu’en 1921. Le navire subira plusieurs déboires dont une collision en 1927 avec un cargo norvégien et un grave incendie un an plus tard. En 1939, alors qu’on le prépare à transporter des collections pour l’exposition universelle de New York, un nouvel incendie éclate. Le paquebot est totalement ravagé par les flammes et la quantité d’eau déversée d’un seul bord du navire le fait chavirer.

Longueur: 233 m – Déplacement: 34 500 t – Puissance: 45 000 cv – 1930 ou 3240 passagers ??

1926 – Ile de France : Son histoire est marquée par plusieurs événements, dont sa participation à la Seconde Guerre mondiale et deux sauvetages dans l’océan Atlantique. Comme transport de troupes, pendant 4 ans, il transportera ainsi près d’un demi million de soldats et lui vaudra de recevoir la Croix de guerre et d’être nommé Chevalier du Mérite maritime.

En 1947 il revient à St-Nazaire et y subit une profonde refonte qui le modernise. A la reprise de son service civil , les nombreux et spectaculaires sauvetages réalisés par Ile-de-France (notamment pour Andréa Doria en 1956) valent au navire le surnom de « Saint-Bernard des mers ».

En 1957, la construction de France est lancée et compte tenu de son âge, Ile de France effectue sa dernière traversée le 1er novembre 1958.

Longueur: 241 m – Déplacement: 41 000 t – Puissance: 53 000 cv – 1786 passagers.

1932 – Normandie : commencé en 1931, le navire n’est mis en service qu’en 1935 suite à la grande dépression de 1929. Il est alors le plus grand paquebot au monde. Sa carrière est cependant interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Le navire est alors désarmé et reste à quai dans le port de New York. Fin 1941, il est réquisitionné par les États-Unis et renommé USS Lafayette, pour être transformé en transport de troupes. Un incendie se déclare durant les travaux en 1942. Les tonnes d’eau utilisées font chavirer le navire . Après la guerre, la France refusa de le récupérer et il sera démolie en 1946.

Malgré la brièveté de sa carrière, Normandie a laissé une profonde empreinte dans les mentalités à travers le monde. Il est considéré comme un des meilleurs paquebots jamais construits. C’est le seul transatlantique français à avoir remporté le Ruban bleu. Avec ses installations luxueuses il fut le symbole de la France des années 1930.

Longueur: 314 m – Déplacement: 70 000 t – Puissance: 160 000 cv – 1971 passagers.

1940 – Jean-Bart : Prévu identique au Richelieu, il était en construction à Saint-Nazaire en 1940, d’où il s’est échappé au dernier moment devant l’avance allemande et a gagné Casablanca au Maroc (voir période 1919-1945 du site). Endommagé au cours des combats de novembre 1942 auxquels il prit part contre les Américains (il était alors sous l’autorité de Vichy), il est resté inachevé pendant la guerre. Après qu’on eut abandonné l’idée de le transformer en porte-avions, il a été mis en service en 1955 seulement, dans une configuration assez proche de celle prévue à l’origine. Ce fut le dernier cuirassé mis en service au monde. Il sera ferraillé en 1970.

Son ancre repose à l’entrée du port de St Nazaire.

Longueur: 248 m – Déplacement: 46 500 t – Puissance: 155 000 cv – Equipage: 1 670 h.

1960- France: 3ème du nom. Le navire est conçu pour être le plus long paquebot de son époque et capable de croiser à 31 noeuds, pour permettre de traverser l’Atlantique en cinq jours et ainsi le rentabiliser. Il est mis à l’eau, le 11 mai 1960, en présence du président de la République française, le général de Gaulle. Avec ses 316 mètres de long, il est pendant toute sa période d’activité le plus long paquebot (navire à passagers) jamais construit au monde jusqu’au lancement en 2004, toujours à St Nazaire, du RMS Queen Mary 2, long de 345 m.

Longueur: 316 m – Déplacement: 57 600 t – Puissance: 160 000 cv – 2032 passagers

1960 – Foch : sister-ship du Clemenceau, il est lancé 2 mois après France. Nommé en l’honneur du maréchal Foch qui avait pourtant déclaré : « Les aéroplanes […] ne présentent pas de valeur militaire ». Il pouvait embarquer 40 avions dont une quinzaine de Super Etendard Dassault.

Il naviguera sous les couleurs de la France pendant 37 ans de 1963 à 2000.

Le navire sera vendu à la marine brésilienne et sera rebaptisé Sao Paulo en novembre 2000. Prévu pour poursuivre sa carrière pendant encore une trentaine d’année, il sera finalement désarmé par l’état brésilien en 2017.

Longueur: 265 m – Déplacement: 32 500 t – Puissance : 126 000 cv – Equipage: 1340 h.

À la fin des années 1950, les paquebots transatlantiques eurent à faire face à la concurrence des premiers avions de ligne commerciaux, qui prirent le dessus à la fin des années 1960. Les navires United States (en 1969) et France (en 1974), entre autres, firent les frais de cette mutation.

Ce fut alors la grande période des navires pétroliers et l’escalade en terme de capacité… et toujours les records pour les chantiers nazairiens.

1961 – Sitala : pétrolier pour la Compagnie Shell – L. 246 m – 73 000 t. de brut

1967 – Magdala : pétrolier pour la Compagnie Shell – L. 324 m – 210 000 t. de brut

1973 – Latona: pétrolier pour la Compagnie Shell – L. 343 m – 283 000 t. de brut

1976 – Batillus: pétrolier pour la Compagnie Shell – longueur de 414 m et un port en lourd de 553 000 t de brut. À son lancement, il était le plus grand pétrolier au monde, avec ses trois sister-ships : le Bellamya (également aux couleurs Shell), le Prairial, et finalement…

1979 – Pierre Guillaumat (ces deux bateaux étant aux couleurs Elf). Ce dernier, avec environ 1 400 tpl de plus, a été de 1977 à 1981 le plus grand navire ayant jamais été construit et ayant jamais navigué.

Mais tous ces super-tankers auront finalement une vie très courte, Batillus étant démolli dès 1985.

Début des années 1980… La construction navale mondiale traverse l’une des pires crises de son histoire. C’est pourtant cette décennie qui va marquer le grand retour des navires de croisières à Saint-Nazaire (lire l’article de Ouest-France de 2016). Si le Nieuw Amsterdam (1983) et le Noordam (1984) restent modestes en terme de longueur et capacité (215 m – 1370 passagers) ce sera 3 ans plus tard le renouveau des Chantiers de l’Atlantique dans le domaine du paquebot moderne.

1987 – Sovereign of the Seas (Souverain des Mers pour les nazairiens). C’est le premier d’une série de trois paquebots identiques construit sous les couleurs de Royal Caribbean Cruise Line (RCCL), sous pavillon norvégien. C’est un véritable défi pour les chantiers car il s’agit du premier très gros navire à passagers construit depuis France.

Malgré la concurrence et grâce à des aides de l’Etat, la commande est tombée le 30 août 1985. Le chantier ne faillit pas à sa réputation et livre le navire en 29 mois, un record.

Comme nombre de ses prédécesseurs, Sovereign of the Seas sera un temps, le plus grand paquebot du monde et le plus innovant lors de sa mise en service en 1988. Presque une évidence pour les chantiers nazairiens…

Longueur: 268 m – Déplacement: 74 000 t – Puissance: 27 800 cv- 14 ponts – 2350 passagers

Au cours des 15 années suivantes, une trentaine de navires de croisières pour différentes compagnies seront à leur tour lancés, dont voici quelques noms : Star Princess, Nordic Empress, Monarch of the Seas, R-One, R-Two, Millenium, European Stars,….

2003 – Queen Mary 2 : construit pour remplacer le Queen Elisabeth 2 de la Cie Cunard Line, il fut à sa construction le paquebot à plus fort tonnage du monde. Il est le dernier navire à effectuer des traversées reliant l’Europe à l’Amérique.

Le 15 novembre 2003, alors que le navire est ouvert à la visite des familles du personnel et de la population de Saint-Nazaire, l’effondrement d’une passerelle qui relie le quai au navire en cours d’armement dans la grande forme des chantiers fit 16 morts et 29 blessés. C’est la mauvaise conception technique de la passerelle, qui a été principalement mise en cause par la commission d’enquête (absence de contreventements). Une stèle en mémoire des victimes de ce drame se trouve au Jardin des Plantes.

Longueur: 345 m – Déplacement: 76 000 t – Puissance: 157 000 cv – 17 ponts – 2700 passagers

2008 – Fantasia : il est le premier navire de la classe Fantasia comprenant MSC Splendida, MSC Divina et MSC Preziosa. Sa marraine est Sophia Loren. Il croise à l’année dans la région méditerranéenne occidentale.

Le navire a passé trois semaines en février 2011 aux chantiers Fincantieri de Palerme . Durant ce séjour, sa capacité d’accueil totale a été portée de 3 960 à 4 360 passagers. De plus, la carène s’est vue appliquer un revêtement en silicone.

Longueur: 333 m – Puissance: 54 000 cv – 14 ponts – 3960 passagers à son baptême.

Puis ce sera Harmony of the seas en 2016 (362 m – 6 687 passagers !) et Symphony of the Seas en 2018.

Grandiosa et Bellissima en 2019 et le prochain plus grand paquebot au monde, Wonder of the Seas (363 m – 16 ponts – 6800 passagers), qui doit être livré en 2022 et qui sera basé à Shangaï en Chine. 

A suivre…