L’un des conflits les plus emblématiques de l’après-guerre est celui de la métallurgie en 1955. Parti de la navale nazairienne au mois de février, ce mouvement ouvrier spontané rebondira à Nantes au mois d’août et s’étendra à tout le pays en fin d’année.
Il avait pour but d’obtenir une hausse des salaires des ouvriers du chantier naval de Saint-Nazaire et d’améliorer leurs conditions de travail.
A cette époque les ouvriers font des semaines de 45 heures minimum réparties sur 6 jours. Certains travaillent même le dimanche matin pour joindre les deux bouts et avoir un salaire décent pour eux et leurs familles.
Les ouvriers des chantiers demandent notamment depuis plusieurs mois maintenant l’alignement des salaires avec ceux de la région parisienne.
Le patronat, de son côté, demande aux ouvriers d’effectuer un « boni », qui permet d’obtenir un supplément de salaire accordé à ceux qui dépassent le quota horaire prévu. Pour respecter ce boni (qui peut représenter jusqu’à 50% de leur salaire habituel), les ouvriers doivent effectuer une tâche ou une pièce en un temps imparti, contrôlé par un chronométreur.
La misère des ouvriers finira par éclater en février et le conflit initié par les soudeurs (et non les syndicats) prendra progressivement de l’ampleur jusqu’au 22 juin, première date d‘affrontements sérieux entre métallos et gendarmes mobiles à l’intérieur même des chantiers.
Le conflit s’achèvera par des négociations. Le 16 août 1955, les luttes entre autorités, patronat et ouvriers prennent fin. La Direction concède une majoration générale des salaires, primes et indemnités comprises, de 22 %, soit 30 à 40 francs d’augmentation horaire avec effet rétroactif au 1er juillet. Les ouvriers voient également leurs bonis et leur prime annuelle revalorisés, et bénéficient maintenant de 5 jours fériés par an…
Le conflit de Saint-Nazaire, donnera le « La » à une série de luttes qui naîtront à chaque coin de l’hexagone durant la fin de l’année 1955 : Nantes, Lorient, Brest, Le Havre, Montluçon, Belfort, Saint-Étienne… Ces grèves entraîneront aussi une syndicalisation nouvelle et massive.
Pour aller plus loin … un récit complet à partir du livre de Louis Oury – Les Prolos (1973).