1946 – 1965

Un nouvel axe de communication pour une nouvelle ville
Les premières personnes qui pénètrent dans les ruines de Saint-Nazaire le 11 mai 1945 font toutes le même constat : la ville est presque entièrement rasée. La plupart des bâtiments communaux principaux sont détruits (hôtel de ville, hôpital, bains douches, caserne des pompiers, dispensaire, commissariat de police, bourse du travail, église St Gohard, etc). Il faut ajouter à cette liste la sous-préfecture, l’hôtel des postes, la chambre de commerce, la caisse d’épargne, la caserne des douanes, le bureau des ponts et chaussées. La gare, le palais de justice, l’église St Nazaire, l’abattoir, le parc des sports, le vélodrome sont gravement endommagés. Seuls la caserne militaire, la prison, l’usine du service d’eau, le marché, le foyer de Penhoët sont épargnés. La plupart des écoles et les collèges sont détruits, hormis les écoles de Méan et Penhoët, le groupe scolaire de Plaisance et l’école du petit caporal. 50% des maisons sont détruites, les autres, généralement irréparables, seront rasées et seules 15% pourront être remises en état. Sur 8 000 maisons recensées avant guerre, seules une centaine sont intactes. Voir ici… quelques constructions qui ont survécu Le port a subi beaucoup de dommages, mais le gros œuvre est peu touché et on peut espérer une remise en état rapide des installations (le premier « liberty ship  » entrera dans le port le 15 août 1945). Les chantiers navals et aéronautiques sont presque entièrement détruits. Enfin, les bombardements, entre 1940 et 1943, auront fait 479 morts et 576 blessés.

Une ville nouvelle

« Saint-Nazaire a la particularité dans son Histoire d’avoir été une ville construite deux fois sur une période d’un siècle. » (Daniel Sicard – La reconstruction de St Nazaire) Dès le 11 mai 1945, François Blancho reprend les rênes de la ville et ce jusqu’en 1968 (avec trois interruptions pour des mandats nationaux). Daniel SICARD (auteur, historien, ancien directeur de l’écomusée) raconte les années 1950 de Saint-Nazaire, quand la ville pansait ses terribles blessures de la guerre.

Extrait de l’article de l’Express de Pierre-Yves Lautrou, publié le 25/01/2008 – source : https://www.lexpress.fr/region/daniel-sicard-les-nazairiens-n-ont-pas-de-nostalgie_473645.html

Détruite à 85%, Saint-Nazaire est l’une des cités les plus marquées par la guerre. C’est la toute dernière ville de France libérée, puisque la poche [de résistance allemande] de Saint-Nazaire ne tombe que le 11 mai 1945, trois jours après l’armistice! Après la Libération commence une longue période de déminage effectuée avec les prisonniers allemands. Ce n’est qu’à partir de 1946 que les travaux de déblaiement débutent, orchestrés par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU), et ils s’étaleront sur deux années. Ce qui n’est pas récupérable sert à combler un grand marais, dans l’ouest de la ville. Il deviendra un parc paysager avec la reconstruction. Saint-Nazaire, qui comptait 36 000 habitants avant la guerre, a été complètement évacuée en 1943. A la Libération, c’est une ville fantôme qui ne compte que 60 habitants. Après la victoire alliée, elle reste interdite aux habitants. Les nazairiens vont progressivement revenir chez eux, mais dans des zones très précises: seuls ceux dont la maison est intacte sont autorisés à se réinstaller. Pour les autres, des espaces sont aménagés pour construire des logements temporaires. Près de la base des sous-marins, sur tout le long du littoral jusqu’à Villes-Martin, une véritable ville provisoire en bois sort de terre. Un centre commercial provisoire fut regroupé sur la place Marceau. Les principales administrations sont également concernées, sachant qu’une partie d’entre elles, dont la mairie, a été décentralisée à Pornichet. En 1946, les nazairiens sont près de 12 000; huit ans plus tard, la ville recense 40 000 habitants. En 1954, environ 10 000 d’entre eux – soit un quart de la population – vivent dans quelques 2 100 logements provisoires.
Baraquements sur la place de l’église
Le « Vieux St Nazaire » complètement rasé
Dès les bombardements de 1942 qui détruisent la ville, des architectes planchent sur la reconstruction. L’architecte en chef est d’abord André Guillou, évincé ensuite par Noël Le Maresquier. Fils d’architecte, Grand Prix de Rome comme son père, Le Maresquier connaît la région, car il passe tous ses étés à Préfailles, de l’autre côté de l’estuaire de la Loire, dans une villa voisine de celle des Debré. Il a d’ailleurs épousé la soeur de Michel Debré. Il propose un plan de reconstruction global, partant du principe que la ville a été entièrement détruite et qu’elle ne bénéficiait pas auparavant d’un intérêt patrimonial et artistique particulier. S’il fait table rase, Le Maresquier est plutôt un classique, pas vraiment un moderne. Il va donc rester attaché au régionalisme breton et privilégier, par exemple, les immeubles avec des toits en ardoise plutôt que plats. La modernité sera donc très atténuée à Saint-Nazaire, à quelques exceptions près, comme cet immeuble proche du port que l’on appelle «le Building», sorte de clin d’oeil à la Cité radieuse de Le Corbusier.

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